La traduction n’est pas une science exacte
Le plus grand défi que tout professionnel de la traduction doit relever est de faire comprendre à ses clients et partenaires que la traduction n’est pas une science exacte.
Vladimir Gak, dans son article « Traduction : art ou science ? », paru en 1994, explique très bien ceci.
En effet, selon les propos de Gak, la traduction relève à la fois de la science et de l’art, voire de la « triade : art – science – technique ».
La science appliquée à la traduction signifie la « connaissance des différences entre les langues et des facteurs qui régissent ces différences, ainsi que la connaissance des procédés qu’on emploi lors de la traduction ». La technique c’est « l’aptitude à appliquer ces procédés ». L’art c’est « la capacité de créer de nouvelles équivalences précises et de faire le meilleur choix parmi les procédés établis par la science ».
Comme l’explique Vladimir Gak, la traduction implique un côté artistique reposant sur des choix, une prise de décision personnelle, unique au traducteur. Cette prise de décision provient de l’interprétation du traducteur, qui est donc totalement subjective. C’est cette subjectivité qui fait qu’aucune traduction ne peut être à 100 % identique à une autre, mais aussi qu’une traduction peut être très différente des attentes et exigences d’un client, ce qui ne signifie pas pour autant que la traduction est mauvaise ou incorrecte.
C’est pourquoi la communication entre traducteur et client est primordiale.
Dans le cas où le client aurait des exigences particulières vis-à-vis de la terminologie ou du style, il est essentiel de communiquer et de mettre en place un glossaire, un cahier des charges et/ou un guide de style.
S’il est « plus simple » d’obtenir une traduction très cadrée dans le domaine technique, de par la nature parfois procédurière des documents, et l’utilisation prolifique de mémoires de traduction (bases de données collectant les traductions et les restituant lors de prochains travaux) il est très difficile d’en obtenir une dans le domaine du marketing, par exemple, où l’écriture est soumise à la sensibilité et au style de l’auteur et du traducteur.
La traduction est donc bien un travail d’équipe, et le client donne les clés au traducteur tout en arbitrant la traduction en maniant les curseurs scientifiques, techniques et artistiques. Ce travail d’équipe repose sur une communication efficace. Vladimir Gak citait Diderot, qui résume tout à fait cette idée : « Avant d’engager une discussion scientifique, il faut s’entendre sur le sens des termes ».
Source: Gak Vladimir. Traduction : art ou science ?
In: Équivalences, 24e année-n°2 ; 25e année-n°1-2, 1994. pp. 5-18